Rencontre avec Bernadette Pilloy, Guyancourtoise depuis 1982. Non voyante, elle œuvre pour la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap au sein de la commission communale d’accessibilité.

Au hasard d’une rue ou dans les transports en commun, vous avez sans doute croisé Bernadette Pilloy, tenant en main le harnais de sa fidèle Mara, un labrador chien guide d’aveugle.

« Elle m’accompagne partout et réagit à tout obstacle même situé à hauteur de visage par exemple », raconte la Guyancourtoise.

« Ces chiens bénéficient d’un statut particulier, ils doivent sortir d’écoles labellisées. Leur éducation commence à trois mois et ils passent un an en famille d’accueil. Leurs maîtres les emmènent même au travail pour les habituer à toutes les situations. Mara a passé un an dans une classe de CP », explique Bernadette Pilloy.

C’est à la fin des années 1990 suite à un accident domestique, qu’elle a perdu la vue.

« J’ai subi une électrisation en nettoyant un aquarium. Heureusement Bernadette Pilloy ma fille m’a sauvée, mais l’accident m’a privée de la vue. J’ai eu la chance de voir mes enfants et maintenant j’imagine mes petits enfants. Et ils sont tous très beaux », confie Bernadette Pilloy avec un sourire.

Juriste et écrivain public, elle était déjà très engagée et aidait les personnes étrangères pour leurs démarches administratives. À la suite de son accident, elle s’est aussi consacrée à la défense des droits des personnes en situation de handicap, notamment dans le cadre de la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes  handicapées.

Membre d’instances nationales

Bernadette Pilloy fait ainsi partie de nombreuses instances : Conseil national consultatif des personnes handicapées, Commission nationale consultative des Droits de l’Homme, Commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité… « et la commission communale d’accessibilité de Guyancourt depuis sa création », conclut-elle.

« La commission se réunit deux fois par an. Guyancourt c’est assez moderne. Beaucoup de choses ont été conçues accessibles, notamment ce qui est neuf. Mais il y a toujours des choses à améliorer. L’accessibilité est la base de la citoyenneté des personnes handicapées. Je vais partout et je remarque ce qui peut bloquer les autres personnes handicapées. Je fais remonter l’information aux techniciens de la Ville ».

Bernadette se révèle tenace sur ce sujet qui lui tient à cœur.

« Mais je fais aussi remarquer quand les aménagements sont bien adaptés comme pour le mail des Saules ».

La militante déplore cependant des changements au niveau national comme le recul de la loi Élan, initiée par l’actuel gouvernement en 2018, qui porte à seulement 10 % le quota de logements neufs accessibles.

« Des sites internet comme Pôle emploi ou les impôts ne sont pas accessibles alors que les démarches en ligne deviennent obligatoires ».

Bernadette Pilloy est intarissable sur le sujet.

« Les choses ont changé en 20 ans et les personnes handicapées sont un peu mieux acceptées. Vivre ensemble c’est se savoir différents et accepter la différence ».

Interview réalisée par David Houdinet pour le Guyancourt Magazine 544 – Novembre 2019