Commémoration du 8 mai 2019

Discours du maire François Morton 8 mai

Discours de François Morton, Maire par intérim de Guyancourt, prononcé le 8 mai 2019


Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants de la sécurité publique et de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs les représentants des Anciens Combattants,
Mesdames et Messieurs les représentants des établissements scolaires et des associations,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer ensemble la fin de la seconde guerre mondiale. Le 8 mai 1945, l’Allemagne Nazie capitulait enfin après 6 années de combats et de barbarie.
En 1939, il y a 80 ans, (80 ans déjà …) le Monde était plongé dans le chaos d’un conflit qui allait décimer près de 50 millions de vies civiles et militaires. Alors que les témoins directs de cette époque nous quittent un à un, il est essentiel d’entretenir le souvenir de cette guerre et de ses abominations.

Je pense d’abord aux millions de déportés, juifs, tziganes, handicapés, homosexuels, opposants politiques que la barbarie hitlérienne a persécutés et exterminés. Dans l’enfer des camps, ils ont subi les pires sévices, les pires humiliations. Et au bout du chemin concentrationnaire, l’extermination… L’extermination massive, théorisée et accomplie par des hommes sur d’autres hommes.

Nous sommes tous concernés par le souvenir de ces visions d’horreur, qui ont marqué à jamais plusieurs générations. Certains concitoyens la vivent douloureusement dans leur chair ou leur mémoire familiale. Mais nous devons tous porter cette mémoire qui est la nôtre.

N’oublions pas non plus que des êtres humains, dont des Français, ont tué, dénoncé, déporté des compatriotes, des voisins, des amis, nos semblables. A la délation et aux dénonciations, se sont ajoutées les petites et grandes lâchetés ; la cécité aussi d’une partie des citoyens européens. Le Pasteur allemand Martin Niemöller, arrêté et déporté en 1937, en a fait une amère description :

« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
« Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.
« Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
« Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
« Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester. »

Ensemble, rappelons-nous aussi du courage inouï des soldats de l’armée régulière et des combattants de l’ombre, résistantes et résistants, qui ont contribué au péril de leur vie à construire la victoire. Souvenons-nous que c’est à l’abnégation de ces femmes et de ces hommes que nous devons notre chance de vivre dans un pays libre.

Ils étaient français, anglais, américains, algériens, tunisiens … Beaucoup étaient très jeunes, trop jeunes, pour être témoins ou victimes de ces crimes. Ils se sont sacrifiés pour nous.
Ce matin, avec les anciens combattants, nous avons rendu hommage à Jean-René Allviger et Jean Lanot, deux jeunes Guyancourtois fusillés par l’ennemi au Bois Robert. Ils avaient 22 et 25 ans. Une stèle a été érigée en leur mémoire, nous nous y recueillons chaque 8 mai.

Tout à l’heure, nous avons aussi rendu hommage à Missak et Mélinée Manouchian, héros de la Résistance. Une rue de la Ville porte désormais leur nom.
Arrêté avec vingt-deux de ses compagnons, Missak est fusillé avec eux le 21 février 1944 au Mont Valérien… Instrumentalisés par la propagande Nazie dans l’immonde Affiche rouge, leurs visages sont surtout ceux de la détermination et du courage.

Missak Manouchian avait 37 ans lorsqu’il a été assassiné. Deux jours avant son exécution, il écrivait à sa femme :

« Je m’étais engagé dans l’Armée de libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… »

La fraternité et l’espoir contenus dans ces mots doivent nous guider. Je sais qu’ils habitent toutes celles et tous ceux qui œuvrent au quotidien pour que la mémoire collective continue de se transmettre de génération en génération. Je tiens à remercier le travail remarquable qu’ils mènent pour expliquer, éclairer et transmettre. La présence ce matin de nombreux jeunes, aux côtés des anciens combattants est un symbole fort.

A l’heure où les discours nauséabonds, révisionnistes et racistes, se font encore bien trop entendre, je crois profondément que nous avons une obligation de vigilance et d’indignation. Vigilance car nous ne sommes jamais à l’abri d’une nouvelle dérive. Indignation car nous ne devons jamais fermer les yeux, ou considérer comme négligeable toute atteinte, même mineure, à la dignité humaine.

Dans toute l’Europe aujourd’hui, sous l’effet de la crise économique et sociale, sous l’effet aussi d’une mondialisation qui donne le sentiment aux peuples de voir leurs droits régresser, nous voyons monter les mouvements national-populistes. Ceux qui ont fait du rejet de l’Autre et du repli identitaire leur fonds de commerce. À chaque fois il s’agit de désigner à la vindicte populaire des boucs émissaires, ceux-là même qui souffrent déjà le plus des exclusions.

 

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