Une équipe du Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales (Latmos) de Guyancourt a conçu un mini satellite. Dans un mois, il sera propulsé à 500 kms d’altitude pour mesurer le réchauffement climatique.
Il tient dans la main et pèse à peine plus d’un kilo. Pourtant, il porte en lui les espoirs d’une vingtaine de scientifiques, d’ingénieurs et de techniciens du Latmos de Guyancourt, rattaché à l’Observatoire de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Avec ce nanosatellite, l’équipe espère quantifier l’impact du réchauffement climatique sur le climat régional. Pour Mustapha Meftah, responsable scientifique de la mission baptisée UVSQ-Sat, il y a urgence.
« Il y aura plus de 7° C d’augmentation de la température en 2100, c’est catastrophique » s’alarme ce docteur en astronomie et astrophysique, spécialisé dans les relations Soleil-Terre.
Mesurer le déséquilibre énergétique
Au mois de janvier prochain, l’UVSQ-Sat sera installé à bord d’une fusée américaine Falcon 9 développée par la société SpaceX.
Le décollage aura lieu à Cap Canaveral en Floride. Un grand moment auquel les concepteurs du projet ne pourront assister en chair et en os mais qu’ils suivront minute par minute derrière leurs écrans. Une fois en orbite à 500 kms d’altitude, le satellite équipé de capteurs miniatures, aura du pain sur la planche.
« Nous souhaitons mesurer le déséquilibre énergétique créé par le réchauffement climatique » décode Mustapha Meftah.
Le petit concentré de technologie de pointe leur enverra des informations sur le bilan radiatif de la terre, à savoir l’énergie qu’elle gagne et qu’elle perd, et l’influence du rayonnement solaire sur le climat régional. D’autre part, cette mission permettra aussi de tester un dispositif médical de prévention de la santé des spationautes.
Un concept venu des USA
C’est la première fois que le Latmos, qui fabrique des prototypes d’instruments spatiaux, comme le spectromètre de masse « Sam » embarqué à bord du robot Curiosity actuellement en opération sur la planète Mars, réalise un satellite de A à Z.
« Cette mission est très insolite et en rupture par rapport à ce que nous avons fait avant. » commente Philippe Keckhut, vice-président de l’UVSQ en charge de l’innovation et des partenariats avec les entreprises.
Le concept des nanosatellites ou « cubesats » a vu le jour dans les universités américaines. Ils sont moins coûteux et plus rapides à élaborer. UVSQ-Sat a nécessité 3 millions d’euros et près de quatre années de dur labeur quand il faut compter le milliard et jusqu’à dix ans de travail pour un satellite « classique ». Il n’en est pas moins précieux.
Pour Philippe Keckhut, ancien Directeur du Latmos, l’enjeu est d’imaginer une constellation de petits satellites pour avoir de multiples points de mesures simultanément afin d’étudier le climat. Un challenge que le Latmos souhaite relever avec ses partenaires industriels.
En attendant l’équipe qui a donné naissance au nanosatellite cherche un porte-bonheur pour s’assurer que le voyage de son petit protégé se déroulera dans les meilleures conditions.
Avis aux spationautes amateurs !
Des spécialistes de l’atmosphère
Créé en 2009, le Latmos est l’un des 3 laboratoires de l’Observatoire de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ). Spécialisées dans les sciences atmosphériques, ses équipes ont conçu ou analysent les données d’une vingtaine d’instruments spatiaux et travaillent avec le CNES et les agences spatiales du monde entier.
Interview réalisée par Sarah Ferreira pour le Guyancourt Magazine 555 – Novembre 2020