Auteur d’un livre sur les usines aéronautiques pendant la seconde guerre mondiale, Philippe Couderchon restaure d’anciens chasseurs et bombardiers. Embarquement immédiat aux côtés d’un féru d’histoire et d’avions.
Certaines personnes devinent en un clin d’œil un modèle de voiture. Philippe Couderchon, lui, reconnaît n’importe quel avion en vol. « C’est dans mes gênes » plaisante le Guyancourtois, candidat à l’armée de l’air pendant sa jeunesse.
Depuis ses 10 ans, il les connaît tous sur le bout des doigts. Un jour, il s’est intéressé de plus près aux chasseurs et bombardiers des deux guerres mondiales et s’est investi bénévolement pour leur redonner vie.
« De 1977 à 1985, j’ai fait partie de l’association Ailes Anciennes IDF dont le but était de restaurer des avions pour le Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) et depuis 2005 je suis membre de Mémorial-Flight qui restaure des avions du MAE et remet en état de vol des modèles originaux comme le Spad XIII de 1918 testé dans les fossés du fort de Bouviers il y a 102 ans. Il est aujourd’hui le seul Spad au monde à voler avec son moteur d’origine ».
Philippe traque tous les indices (plans, photos, carnet de vol…) susceptibles de l’aider à reconstituer ces engins d’époque. Il va jusqu’à contacter les musées de l’air du monde entier.
En 1982, il a réussi avec l’équipe des Ailes Anciennes IDF à rapatrier un bombardier de la Royal Air Force, laissé à l’abandon sur l’île polynésienne de Wallice-et-Futuna.
Une école de chasse à l’aérodrome
Philippe a aussi mis sa passion pour les recherches au service de Guyancourt et de son ancien aérodrome, situé entre le sud du quartier de l’Europe et le futur quartier des Savoirs, et où fut créée une école pour piloter les chasseurs.
« Habitant la ville depuis 34 ans, j’ai eu le loisir de chercher et de trouver des informations sur l’histoire du terrain créé par René Caudron en 1930, puis agrandi par Caudron-Renault. En 2013, j’ai cédé aux archives de la mairie des documents originaux sur ce terrain d’aviation ».
L’historien bénévole a écrit de nombreux articles sur ce thème dans des revues aéronautiques. Dernièrement, il a même contribué à écrire un chapitre dédié à l’aérodrome Guyancourtois dans un livre polonais, sur le chasseur Caudron-Renault C-714.
Sur les traces des usines souterraines
Si vous lui demandez s’il est déjà monté dans un cockpit, le féru d’avion vous répondra que ce qu’il préfère c’est voyager dans le passé. Cela fait plus de vingt ans, qu’avec un ami, René Bouvier-Belleville (disparu en 2015), il s’est lancé sur les traces des usines souterraines où étaient fabriqués les avions pendant la seconde guerre mondiale. Il a rencontré de nombreux anciens ouvriers et techniciens, collecté des centaines de photos et recoupé les informations tel un enquêteur.
De ce travail d’investigation de longue haleine est né un livre, intitulé « du Focke-Wulf 190 au NC 900 », où il raconte également l’histoire de l’avion de chasse Focke-Wulf, utilisé par l’armée Allemande puis par les soldats français.
« Il y avait une légende autour de cet avion et on voulait comprendre ce qui s’était passé ».
Au fil des 480 pages, la brume se lève sur ce vestige de guerre et sur l’histoire de femmes et d’hommes français, allemands, espagnols ou russes, durant cette période sombre.
Interview réalisée par Sarah Ferreira pour le Guyancourt Magazine 549 – Mars 2020