106e Commémoration du 11 novembre 1918

Discours prononcé par François Morton le 1 novembre 2024


Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants d’associations d’Anciens combattants,
Mesdames et Messieurs les représentants des forces armées, de la sécurité publique et de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs les représentants des établissements scolaires,
Mesdames et Messieurs,
Chers élèves, Chers conseillers municipaux enfants,

Comme chaque 11 novembre, nous sommes réunis pour nous souvenir du premier conflit mondial et des plaies béantes qu’il a laissées sur le sol de France et dans l’esprit des Français…. un conflit qui fit vivre à une génération sacrifiée un insupportable précédent de destruction massive de l’Homme par l’Homme.
Nous commémorons aujourd’hui la fin de cette guerre puisque l’Armistice fut signée un 11 novembre, mais je voudrais que cette année nous puissions également nous souvenir de cet été où tout a commencé. 1914-2024 : 110 ans nous séparent désormais du premier embrasement mondial. Un embrasement qui pourtant était loin d’être inéluctable.

Il y a 110, à l’été 1914, tout est hélas en place pour conduire à une escalade extrêmement rapide du conflit :

  • une culture nationaliste qui se diffuse, patiemment mais insidieusement, au sein des peuples européens,
  • un climat de défiance entre Etats qui aboutit au jeu des Alliances et à la mise en place de lois militaires. Les budgets d’armement augmentent, des plans de guerre offensifs sont établis.

Dans les deux camps, gouvernements et industriels choisirent de danser sur le volcan et d’envoyer l’Europe, puis le Monde, dans un conflit qui tua au total près de 10 millions de personnes, civiles et militaires. L’assassinat de François Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, le 28 juin 1914, par un jeune serbe de 19 ans, fut l’allumette qui déchaina un brasier déjà bien nourri.

Quelques voix tentèrent de résister à la folie guerrière, mais en vain. Ce fut le cas de Jaurès qui, le 25 juillet 1914, à Lyon, prononça ce qui fut son dernier discours. Un cri du cœur exprimant tout autant son désarroi que son espoir de voir la paix s’imposer :

« Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe: ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts pour prévenir la catastrophe. »

Quelques jours plus tard, le 31 juillet, Jaurès est assassiné par Raoul Villain, un illuminé nationaliste. En faisant taire l’une des dernières voix de la paix, les armes pouvaient parler…
Malgré un nationalisme très prégnant, on crut à tort que les soldats partirent la « fleur au fusil ». Sur le carreau des mines, dans les ateliers des usines ou dans les campagnes, les scènes de liesse décrites dans les livres d’histoire ne furent pas si fréquentes. C’est souvent bien encadrés par la troupe que ouvriers et paysans furent incorporés avant de monter au front.

Dans les tranchées, ils allaient connaître 4 années d’horreur, dans le froid, la boue, la peur.
Comme toutes les villes et villages de France, Guyancourt fut en deuil : 37 Guyancourtois perdirent la vie… leurs noms sont inscrits sur notre Monument aux morts. Près de 50 revinrent blessés, meurtris dans leurs chairs mais aussi dans leurs esprits. Quel courage a-t-il fallu à ces hommes qu’on disait sauvés, pour reprendre la vie malgré les déchirures ? Combien d’entre eux ont réellement trouvé l’apaisement ? Comme l’écrivait le poilu Georges Mercier : « c’est l’homme qui souffre, qui meurt, qui court après la mort, qui sait sa fin proche et qui ne se plaint ni de ses souffrances, ni de la courte durée de son existence ». Peut-on jamais guérir d’avoir porté un tel fardeau ?
Rendons hommage à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour que nous puissions profiter de la nôtre.

Il y a 110 ans, l’Europe entrait en guerre sur fond de nationalismes et de politiques expansionnistes. Alors que des conflits violents embrasent le monde aujourd’hui, il nous revient de travailler à la paix. Je sais que les associations d’anciens combattants et mémorielles, comme les équipes éducatives, y oeuvrent au quotidien et je les en remercie. La présence de nombreux jeunes ce matin en témoigne.

Ensemble, nous devons garder à l’esprit que la paix se construit chaque jour, qu’elle se protège.
L’Europe, qui fut le berceau des deux guerres mondiales, apporte une réponse. L’Union, nos ancêtres l’ont compris, est une chance. Il nous faut continuer dans cette voie, à bâtir une Europe choisie, voulue, ambitieuse… Je dis bien choisie, oui, et débarrassée de tous les ferments de haine, de repli sur soi et d’intolérance qui s’y développent, y compris jusque dans les institutions européennes elles-mêmes.

Redoublons de vigilance pour ne pas sombrer de nouveau dans l’autodestruction.
Luttons ensemble pour que la solidarité s’impose partout comme une valeur universelle.

Je vous remercie.

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