Discours prononcé par François Morton le 11 novembre 2022
Monsieur le Sous-préfet, Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des Anciens combattants et des associations mémorielles,
Mesdames et Messieurs les représentants des forces armées, de la sécurité publique et de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs les représentants des établissements scolaires, chers élèves et collégiens,
Chère Maire-enfant, chers conseillers municipaux enfants,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer ensemble l’Armistice du 11 novembre 1918, 104 ans après sa signature dans la forêt de Compiègne. A 11h ce jour-là, s’achevait au son des clairons et des cloches d’Eglises, le conflit le plus terrible que l’Humanité ait connu jusqu’alors. 10 millions de morts, deux fois plus de blessés. C’est une génération entière qu’on allait sacrifier avec, parmi les survivants, près de 6 millions de mutilés. Jamais une guerre n’avait été aussi violente. Jamais les civils n’avaient autant souffert, subissant les bombardements, la faim, les exactions. Guyancourt n’a pas été épargnée, comme nous le rappellent les noms gravés sur notre Monument aux morts : ce sont ceux de nos ainés, tombés pour la France et pour notre liberté. Ce sont ceux de familles entières qui furent marquées par le traumatisme de ce conflit.
Comment pouvaient-ils s’imaginer alors que cette guerre totale, la « der des ders », ouvrirait un siècle marqué par le retour de l’inhumanité et de la barbarie au sein même de la civilisation européenne ?
Nous commémorons l’issue de cette guerre aujourd’hui, mais je voudrais que nous puissions également nous remémorer cet été où tout a commencé. En ce mois d’août 1914, les tensions traversent l’Europe de part en part, intenses, incohérentes, inutiles. Elles sont issues de l’Histoire, de replis nationalistes, d’alliances diplomatiques et (déjà !) de course aux armements… Le 28 juin 1914, dans une ambiance délétère, François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, est assassiné avec sa femme à Sarajevo par un jeune serbe. Ce meurtre finit d’embraser le continent : les déclarations de guerre se succèdent en quelques jours.
On a décrit cent fois l’engrenage fatal qui avait conduit l’Europe au chaos. Mais on a beau décrire rationnellement les mécanismes à l’œuvre, il reste difficile de comprendre vraiment comment l’Europe a pu se jeter avec une telle démesure dans l’autodestruction. Alors que l’actualité nous rappelle chaque jour que la guerre est à nos portes, nous devons redoubler de vigilance. Une situation économique difficile, le regain de nationalismes çà et là en Europe, des pays qui font le choix de la souveraineté nationale au détriment de l’union des peuples… s’il faut se garder de comparaisons hâtives, force est de constater que des similitudes existent entre 1914 et 2022. Brexit, inflation anormale, tensions diplomatiques, poussée des extrêmes droites, parfois même jusqu’aux sommets des Etats : la situation actuelle donne des signes qui doivent nous faire réfléchir.
Se souvenir, c’est aussi comprendre le présent et préparer l’avenir. La mémoire de la grande guerre devrait imprimer, dans nos consciences et dans celles de tous les dirigeants, la volonté que ne se reproduise pas demain un enchainement des nationalismes qui conduirait à l’embrasement du monde entier.
Les témoins directs de la grande guerre nous ont quittés depuis longtemps mais la mémoire transmise au fil des ans reste intacte :
- Elle le reste grâce au travail déterminé des associations d’anciens combattants, qui transmettent inlassablement un message de paix.
- Elle le reste aussi grâce aux équipes enseignantes qui expliquent aux jeunes générations les enjeux des conflits et qui, plus encore, leur apprennent à penser par elles-mêmes, à être critiques et autonomes.
Soyez en toutes et tous remerciés.
La présence aujourd’hui de conseillers municipaux enfants et de collégiens d’Ariane, nous assure la préservation de cette mémoire. Il y a quelques instants, ces jeunes Guyancourtois ont prêté leur voix aux poilus, redonnant vie à leur quotidien, à leurs peurs comme leurs souffrances.
Vous nous avez rappelé que derrière chaque nom, il y a des vies bien réelles, des destins souvent tragiques et des familles accablées.
Vous vous souviendrez très probablement, dans quelques années encore, de l’expérience que vous venez de vivre. Elle est forcément intense, car solennelle. J’espère qu’elle vous guidera vers le chemin de la tolérance. Souvenez-vous que la guerre prend racine dans les plus petits ferments de haine et d’intolérance, dans les moindres interstices d’injustices et d’inégalités… tous ces maux qui, malheureusement, rongent encore de l’intérieur nos sociétés contemporaines. « On peut être héro sans ravager la terre » disait Boileau.
Ensemble, soyons les héros de la paix, les défenseurs de la Liberté et de la solidarité.